Un homme est mort dans l'arène

Publié le par Paul Bosc

Au restaurant Puerta Grande à Madrid en 2014 - Photo Dominique Valmary

 

Peut-on concevoir, seulement imaginer, que Iván Fandiño est mort. Mort par la corne d'un toro de la ganaderia de Baltasar Iban, en France, à Aire-sur-Adour ? Il était à Arles, il y a à peine quelques semaines face aux Pedraza de Yeltes retrouvant son toreo de guerrier, le moral qu'il avait perdu lors de son solo dans les arènes de Madrid en 2015.

Iván Fandiño était un dur, était un homme, était un torero qui avait gagné sa place, une toute petite place, dans un monde sans pitié. Iván Fandiño faisait partie des matadors à qui on offre que des contrats difficiles, que des toros difficiles, mais il avait ce profil de centurion, de belluaire.

Ludwig Beethoven avait trouvé 4 notes en écrivant sa 5e symphonie « l'arrivée du Destin » qui annonçaient la tragédie, le drame. Ce destin était-il déjà écrit quand il toréait à Arles pour la Feria de Pâques ?

Les grands médias télévisés français n'ont pas insisté sur cet accident dramatique, n'ont pas montré d'images, n'ont fait aucun commentaire de peur, une fois encore, de déclencher une polémique. Seuls dans leurs coins aussi sombres que leurs âmes, les anti-taurins se sont déchaînés de leurs propos ignobles oubliant que Ivan Fandiño était tout simplement un être humain de 32 ans, avant d'être torero. Qu'il a payé le plus terrible des prix, celui du sang pour une passion que l'on dit rétrograde et appelée à disparaître sous peu.

Hier dans son village natal au pays basque, l'église était pleine pour rendre hommage au torero qui laisse une épouse et des enfants en bas-âge, des amis, des parents. Une foule respectueuse d'un homme de cœur.

Il a rejoint dans le grand ruedo céleste Pépé Hillo, Manolete, Joselito, Ignacio Sanchez Mejias, El Yiyo, Paquirri, Victor Barrio et « El Pana » pour ne citer que ces quelques noms célèbres parmi les soixante matadors qui ont péri de la corne des taureaux ainsi que de nombreux banderilleros, picadores, rejoneadores...

L'Espagne toute entière a rendu hommage au torero, de la famille royale au gouvernement et tout ce peuple qui continue à se rendre aux arènes pour la fiesta brava. Les aficionados français n'oublieront pas non plus Iván Fandiño pour ce qu'il a apporté de sincère dans cette tauromachie de vérité, de combat.

Qu'il en soit ovationné.

 

Paul Bosc

 

Publié dans Figuras

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