Quand le bœuf du Trocadéro devint le taureau de Nîmes

Publié le par cercletaurin.nimois

Quand le bœuf du Trocadéro devint le taureau de Nîmes

Histoire du bœuf du Trocadéro qui devint le taureau de Nîmes

Tous les Nîmois, quand ils parlent « du » taureau font référence à la statue érigée au bas du boulevard Jean-Jaurès, qui regarde la Camargue, la tête haute, les cornes dressées, l'allure conquérante. Par contre les jeunes générations feront référence dans quelques années, à celui de l'Esplanade. Surtout après avoir découvert le voyage extraordinaire d'un bœuf parisien devenu taureau à Nîmes.

Celui qui nous intéresse aujourd'hui est donc celui du boulevard Jean-Jaurès.

 Le bœuf...

 Il a été « bistourné » à Paris par son papa-sculpteur Auguste Cain pour représenter la force animale dans les travaux agricoles. Et, si l'on ne possède pas de drone, il est bien difficile pour le passant de voir tout là-haut du piédestal qu'il foule des sabots une charrue et une botte de blé.

Hubert Rouger, qui portait beau la barbe et la moustache, s'arrachait les poils de la tête pour présenter ce taureau aux Nîmois et cacher les caractéristiques domestiques de la bête.

C'est un architecte M. Raymond Blanc qui apporta la solution-miracle : présenter le taureau sur un socle assez haut pour ne pas voir les signes agricoles.

 C'est le subterfuge utilisé par la municipalité en 1937.

 A la fin de l'année 1936, après discussions avec les édiles Parisiens et même vote du conseil municipal de la capitale, qui d'ailleurs n'était pas très enthousiaste pour céder ce « bœuf » qui avait fait des jardins du Trocadéro, sa « querencia » le maire avait acquis cette œuvre afin de la faire débouler à Nîmes. Paris n'avait pas voulu la vendre, ni la donner mais seulement la prêter.

Débarquée à Nîmes, la municipalité était bien enquiquinée car si le bœuf ressemblait, « coucougnettes » en moins, à un taureau, la charrue et les blés ramenaient la statue au ras des pâquerettes.

 Le piédestal fut construit par MM.André Méric et André Clair et l'achèvement des travaux terminé quelques jours avant l'inauguration.

Le fier taureau offrait une belle perspective avec la Tour Magne cachée aujourd'hui par la pyramide dédiée aux Résistants de la deuxième guerre.

Il porte sur sa partie basse les armoiries de Paris et de Nîmes et quatre vers de Laforêt en provençal :

 SIMBEV DE VIDO RENADIVO !  

(Symbole de vie renaissante)

 SIMBEV DE VOIO E DE FIERTA ! 

(Symbole de vie et de fierté)

 TE SALVDAN O TAV ! D’VNO AMO QVE S’AVRIVO 

 (Nous te saluons O Taureau ! d'une âme qui s'élance) 

 VERS TV ! SIMBEV DE FORCO E DE FECOVNDITA

 (vers Toi signe de Force et de Fécondité)

 Le bœuf devenu taureau qui, en plus, n'est pas en bronze mais en fonte dorée (autre galéjade) est inauguré le 15 mai 1937 par M. Edouard Herriot, Président du Conseil ; M. Raymond Laurent, Président du Conseil de Paris, les personnalités Nîmoises, la Nacioun gardiano, le Marquis de Baroncelli etc. pendant la fête du taureau qui se tient du 2 au 16 mai à Nîmes et qui est l'ancêtre de la féria actuelle avec pégoulade pour l'ouverture et soirée « bachouchage » aux arènes : grande Royale de 8 taureaux, des représentations théâtrales : « Britannicus » et Œdipe Roi », des conférences, le concours des tambourinaïres et Provençales, des musiques de Nîmes et sa région, des défilés de chars et, pour clore les festivités, une corrida de « superbes toros » de la ganaderia de Salamanca Antonio Perez avec Martial Lalanda qui donne l'alternative à Pascual Marquez et Domingo Ortega.

 Voilà comment un animal castré est devenu le symbole du taureau de combat à Nîmes. Depuis, il paraît que les Parisiens en rient encore.

 

Paul BOSC

 

 

Publié dans Chronique

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