TOREROS GANADEROS

Publié le par cercletaurin.nimois

 

Les toreros sont-ils d’excellents ganaderos ?

 

Par Paul Bosc

 

 

110805JS-VicConcoursFrancaise_068.JPG

Toro du Laget  de Luc JALABERT - Photo JIES

 

 

Cette temporada 2011 aura été marquée par la présence de deux fers appartenant à des toreros et qui auront laissé un excellent souvenir aux aficionados. Tout d’abord celui de « Joselito »  Miguel Arroyo qui, à Bayonne, a présenté une belle tarde de toros récompensée par l’Union des clubs taurins Paul-Ricard du Sud-Ouest et à laquelle ont participé les vedettes actuelles : El Juli,  Daniel Luque et Curro Diaz.  Les « toros de la reina » (encaste Parlade) armés et puissants ont non seulement mis la rouste au seigneur des arènes El Juli, mais également montré de belles qualités de combattants.

 

Pas primés mais tout aussi respectables, les novillos du maestro Enrique Ponce présentés à Nîmes pour la Pentecôte et la novillada de la cape d’Or. Cet élevage, acheté par le torero de Chiva en 1993 d’encaste Domecq a, lui aussi, dans les arènes de Nîmes,  révélé de belles qualités de  bravoure et noblesse.

 

Ces deux exemples  sont-ils isolés ? De nombreux toreros ont tenté l’aventure avec des résultats peu encourageants,  mais peut-être que pour certains ce n’était qu’une manière de « placer » leur argent. Ou alors, les toreros ont, en quelque sorte, pris les toros par les cornes pour sortir la fiesta brava de l’ornière où elle s’enfonce de plus en plus avec des bêtes sans classe, sans force, sans race. Accordons donc deux bons points à ces toreros consciencieux et espérons qu’ils continueront dans cette voie, ô combien difficile.

 

A travers l’histoire de la tauromachie de nombreux toreros ont acheté des fincas, des fers, des sementales et des vaches avec des résultats pas toujours évidents. Citons Antonio Ordonez  qui avait acheté une ganaderia d’origines Murube-Urquijo, encastes qu’il a souvent rencontrés ; Palomo Linares, Victor Mendes qui disait : « Je reconnais un toro Santa Coloma au bruissement de ses oreilles » mais il a acheté un encaste plus souple avec les Pablo Mayoral, Nino de la Capea et sa famille qui parviennent à placer quelques « murube » pendant les temporadas. Litri, Espartaco ont également tenté de porter la casquette de ganadero. Stéphane Fernandez Meca aussi mais l’expérience n’a pas duré. Plus sérieux Ortega Cano qui a acheté un fer de Guardiola (Pedrajas) et dont un novillo de la ganaderia baptisée Yerbabuena a été gracié dans les arènes de Nîmes le 28 février 1999 par Juan Bautista  Mais nous n’avons pas souvenir d’autres grandes corridas de ce fer.

 

Autres exemples, le matador madrilène Juan Jose Prados «  El Fundi » qui pourrait toréer tous les Escolar Gil de son beau-père, et s’est tout de même acheté une ganaderia d’encaste Marcos Nunez. Et Victorino Martin fils ? Avant de devenir vétérinaire, il avait tenté l’aventure de torero, sans dépasser l’alternative et dirige aujourd’hui le prestigieux élevage du papa Martin. Pourtant les aficionados ont le net sentiment que le côté « torero » du fils a modifié l’agressivité des Victorino.

Cesar Rincon, qui n’a pas été épargné par les élevages difficiles, a porté son choix sur l’achat  de toros moins agressif, de El Torreon ; El Viti, le grand matador de Salamanque s’est également investi dans l’élevage et l’on retrouve chez Hubert Yonnet du sang  du bétail que le maestro possédait  de Lisardo Sanchez dans la lignée Conde de la Corte-Atanasio Fernandez (informations de l’Association des éleveurs français de taureaux braves) qui a aussi abouti chez Jose Mari Manzanares. Simon Casas a également investi, à une époque, dans l’élevage avec Pierre-Marie Meynadier et les toros de « Occitania ». La tempête de 2002 a décimé le troupeau.

 

 

Mais c’est du côté des rejoneadores que nous trouvons le plus grand nombre de ganaderos à l’exemple de Luc Jalabert (toros du Laget qui ont remporté le premier prix de « toros de France », compétition d’élevage français pendant cette temporada), de Marie Sara (toros Los Galos), Marie-Pierre Callet (domaine de Malaga) et évidemment les Espagnols Alvaro et Antonio Domecq, Conchita Cintron, dont l’élevage a été racheté par Hubert Yonnet, mais aussi Angel Peralta et  Buendia, etc.

 

L’avenir est-il dans les ganaderias « toreros » ? Nous ne tiendrons toutefois pas le pari, les toreros ont souvent la tentation de vouloir modifier le caractère des toros afin qu’ils soient dociles et leurs permettent de briller mais les mentalités changent. Espérons….  des lendemains meilleurs.


Publié dans Le toro

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article