ALAIN FARGIER EVOQUE PIERRE POULY III
C’est sur une idée de notre secrétaire Marie Claire Durand, que la commission culturelle du CTN a suggéré ce projet de proposer à nos adhérents une visite, privée, guidée et commentée, des expositions d’ Henriette et Claude Viallat, de Pierre Dupuy et de Nimeno II au musée des Cultures Taurines de Nîmes .
Forts de l’expérience d’une précédente visite de ce type à l’occasion de l’exposition Goya, qui avait été un franc succès, après les accords nécessaires des différentes parties prenantes, mairie, conservatrice et direction du musée, ce jeudi 7 octobre 2021 à 18 h 30 nous nous retrouvions 38 sur 40 visiteurs possibles pour débuter la découverte des 3 expositions.
Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par Mesdames Camille Dubois Responsable du service des publics au Musée des Cultures Taurines, Lisa Laborie-Barrière Conservatrice en Chef au Musée des Cultures Taurines et Monsieur Gilles Raoux Régisseur des œuvres et expositions du musée des Cultures Taurines, qui nous souhaitent la bienvenue et nous expliquent comment nous allons procéder pour réaliser les visites.
Dans le respect du protocole sanitaire en vigueur et pour faciliter la circulation à l’intérieur du musée, nous avons constitué 3 groupes équivalents pour pénétrer dans les salles à tour de rôle.
puis nous prenons connaissance
des documents relatifs à l'exposition
c'est parti, nous rentrons dans le musée.
prenez un moment pour visionner le diaporama.
Pierre Dupuy est né à Saint-Rémy-de-Provence en 1932, bien loin du tumulte des grandes plazas de toros. Son histoire taurine commence dans les années 50, lorsqu’il se lie d’amitié avec Paul Barrière qui lui fait découvrir l’univers de la tauromachie. C’est aussi le moment où Pierre Dupuy débute sa collection de tauromaquia et entre en "littérature taurine". Il s'installe à Nîmes en 1956 et côtoie dès lors le mundillo.
Le fonds Pierre Dupuy a été acquis par la Ville de Nîmes pour le Musée des Cultures Taurines en novembre 2013 avec l'aide de la Région Languedoc Roussillon.
Il est constitué de sa bibliothèque (livres et revues), ses archives personnelles (photos de corridas, de Camargue, de voyages en Espagne et en Amérique latine, correspondances avec des aficionados, journalistes taurins, éleveurs de taureaux de combat, toreros, photographes, dessinateurs... français, espagnols et d'autres nationalités),
et de ses archives professionnelles en tant que "revistero" de la revue "Toros" et en tant qu'écrivain (manuscrits d'articles et de livres, documentation écrite et imprimée, photos), des archives personnelles de "Miquelita" et "Paquito" du temps de la revue "Toros", des archives personnelles d'Alfred Degeilh dit "Aguilita", directeur de la revue toulousaine "Le Toril" (1925-1944).
Claude Viallat, Plasticien , peintre Nîmois, aficionado des tauromachies, toros bravos et course camarguaise nous fait partager une collection d’un nombre incalculable d’objets, ouvrages, toiles, illustrations, sérigraphie, affiches de férias, peinture tauromachique, toute une vie consacrée à l’art sous toutes ses formes, rassemblées dans un même lieu, impressionnant et passionnant à la fois.
Il faudra gravir quelques marches pour accéder à l’exposition Nimeno II,
consacrée aux 30 ans de la disparition du toréro Nîmois, au travers des effets ou objets personnels et intimes présentés nous avons pu connaître davantage ses passes temps favoris, sa passion pour la guitare, voir plusieurs ‘’ trajes de luz’’ portés à différent moments des temporadas, notamment celui vert émeraude et or porté pour son alternative à Nîmes à l’occasion de la feria de Pentecôte le 28 mai 1977, et lors de corridas en France, Espagne, en Amérique Latine et au Mexique , capes et muletas, livres gravures et de nombreuses toiles, affiches et photos retraçant les grands moments de sa trop courte carrière, clichés saisis à l’occasion de grandes faenas du maestro.
Nous continuons la visite en pénétrant dans les réserves du musée, véritable coffre fort, un moment privilégié, au milieu de centaines d’objets,
de souvenirs, de cadeaux, une collection enrichie pendant de nombreuses années durant voyages ou manifestations taurines, mais malheureusement compte tenu du caractère très confidentiel de cette incursion dans le coffre fort du musée, (comme en témoigne l'épaisseur de la porte d'accès)
il n'y aura pas de photos ......
Et pour terminer la visite, Gilles Raoux, ancien toréro devenu le Régisseur des œuvres et expositions du musée des Cultures Taurines
a mis à disposition le livre d’Or du Cercle Taurin Nîmois que nous avons pu consulter et qui a permis aux nouveaux adhérents de le découvrir .
petits moments de détente pour las peonas,
A l’issue de la visite nous nous sommes rendus à deux pas de là, à la brasserie des 2 Mondes sur la Place Montcalm, pour terminer la soirée autour d’un repas convivial composé au choix d’un sauté de veau ou d’une rouille sétoise, occasion pour nous également d’accueillir au sein du CTN 3 nouveaux adhérents que nous saluons ici et que nous avons hâte de retrouver pour d’autres rencontres pour partager Aficion et convivialité .
Remerciements aux organisateurs de cette soirée au musée
Remerciements à Mesdames ;
Sophie Roulle Adjointe déléguée à la culture de la ville de Nîmes
Patricia Girard Pausanias Directrice des Musées et du Patrimoine de la Ville de Nîmes
Camille Dubois Responsable du service des publics au Musée des Cultures Taurines
Lisa Laborie-Barrière Conservatrice en chef du Musée du Vieux Nîmes et du Musée des Cultures Taurines de Nîmes
Marianne Crépin membre de la commission culturelle du Cercle Taurin Nîmois
Monsieur Gilles Raoux Régisseur des œuvres et expositions du musée des Cultures Taurines
Fin de l'article....
REVISIÓN DEL TOREO, une conférence de Domingo Delgado de la Cámara.
Ce Jeudi du Cercle du 5 Décembre est digne du plus grand intérêt.
Domingo, auteur et critique, est un admirateur érudit de la culture tauromachique. Ses références au toreo, toujours pertinentes le situent entre consensus étayé de vérités historiques et de terrain, et opposition tranchée à l'égard de tous les lieux communs et idées fausses propagées par les modes, répandues dans la littérature.
A cet égard, « Le toreo revu et corrigé » constitue, pour nous aficionados, un outil fondamental et vertueux du savoir tauromachique, duquel notre aficion s’enrichit profondément et se renforce du principe accélérateur d’émotion : comprendre ce que l’on voit.
Après le plaisir du Jeudi au Musée et sa fin de soirée réussie au foyer Albaric, ce Jeudi du Cercle sera l’occasion de nous retrouver dans le cadre accueillant du Moulin Gazay dont l‘ambiance sera, on peut s’y attendre, fortement conviviale et amicale. Début de la conférence : 19h00. Fin de la soirée : on ne sait pas.
Attention ! Mardi 3 décembre, date limite des inscriptions.
Cycle Culturel 2019 - 2020
Le dernier Cycle Culturel du Cercle Taurin Nîmois intitulé « BRAVE » s’est achevé sur une note de succès marqué par l’intérêt de nos fidèles auditoires et la fréquentation soutenue de nos soirées conviviales. Beaucoup de choses passionnantes ont été dites au cours de ce cycle, sur le campo, sur la sélection et sur le thème de la bravoure vue sous de multiples angles et points de vue par nos brillants intervenants.
« TOREAR », titre de notre nouveau Cycle de conférences, est la suite logique de cette lidia culturelle dont le fil rouge explore les merveilleux contours du toreo, sa représentation historique, artistique et pédagogique. Il est articulé sur six conférences ou témoignages dans le cadre de nos soirées Jeudis du Cercle ou La Robe Noire entre Octobre 2019 et avril 2020.
Deux témoignages d’acteurs de terrain
Où il est question des choses par lesquelles tout commence : de l’École taurine, et aussi de certaines Novilladas que nous avons connue au cours d’une période dorée.
Sur la première nommée, l’invité est un Maître réputé exemplaire dans l’apprentissage du toreo, Richard Milian. Sa rigueur dans la transmission de valeurs et ses succès en font l’un des principaux acteurs représentatifs de l’école taurine française.
Sur la suivante, l’invité est le torero Antonio Borrero CHAMACO, qui a magistralement consacré cette période dorée de la novillada, particulièrement à Nîmes, au cours des années 1990 à 1992. Il sera accompagné de Roland Massabuau, journaliste et chroniqueur connu, aficionado témoin de ces évènements.
Trois conférences culturelles sur l’Art de toréer et une exposition
Juan Belmonte a dit : « A partir de moi, le toreo sera une question de style ». Des styles dans l’art de toréer, il en sera beaucoup question au cours de nos autres soirées, ainsi que de l’histoire singulière et fascinante, parfois intime, de certains grands figuras et toreros artistes.
Sur ce thème, trois écrivains taurins et conférenciers de qualité interviennent après une visite guidée de la remarquable exposition Goya au Musée des Cultures Taurines proposée à l’entame de ce nouveau cycle :
Vous avez aimé BRAVE. Vous allez vous passionner pour TOREAR, le XIIe Cycle Culturel du Cercle Taurin Nîmois.
Et pour l'ouverture de ce nouveau programme d'activité culturelle 2019 - 2020, nous vous proposons une visite guidée de la remarquable exposition Goya au Musée des Culture Taurines (derniers jours de l'exposition).
Après la visite, rendez-vous au Foyer Albaric où nous nous retrouverons dans la convivialité autour d'un buffet.
A cette occasion, le programme complet de ce XIIe cycle Culturel vous sera présenté en avant première.
A jeudi !
Réservez: cercletaurin.nimois@gmail.com
Jean-Marie Raymond était l'invité des Jeudis du Cercle le 4 Octobre dernier. Ganadero établi en Andalousie, il porte avec passion le fer Virgen Maria et a traité du manejo au cours d'une intervention enlevée, riche de détails et d'anecdotes, pour le plus grand plaisir d'un l'auditoire particulièrement nombreux en ce début du Cycle Culturel "BRAVE".
Nous publions ici le résumé de son intervention.
LE MANEJO
Par Jean-Marie RAYMOND
Introduction
Le toro bravo est le protagoniste le plus important de la corrida, celui qui suscite les passions les plus intenses et les sentiments les plus forts : admiration et peur se côtoient dans les yeux des aficionados face à cet animal puissant, cette montagne de muscles saillants surmontée d’une paire de cornes impressionnantes et toujours prêtes à foudroyer celui qui se montrerait trop audacieux. Lorsqu’il meure dans l’arène avec bravoure, il réveille « un chœur d’applaudissements » formé sans doute de toutes les créatures du campo vivantes et disparues.
Quant à l’éleveur il n’est que le dépositaire de ce chœur. C’est peu et c’est beaucoup. Qu’une nature aussi artiste mette entre nos mains son devenir est lourd de responsabilités. Par quelle alchimie atteindre à ce toro idéal dont la perfection se situe à la fois dans l’avenir et le passé ?
Deux supports servent de base, et des éléments incontournables à l’approche de ce Graal : L’alimentation et Le Manejo.
Le manejo qui intervient quotidiennement dans l’élevage par la relation entretenue entre l’éleveur et l’animal. Le manejo n’est pas uniquement déplacer le bétail mais c’est surtout l’observer, le connaitre, intégrer ses réactions, prévoir son comportement. Par les travaux du campo, il nous faut réaliser, le temps aidant, un difficile dosage entre la bravoure, la race et la caste. Il faut parvenir à ce point presque parfait où la promptitude du toro à la charge se marie avec la fixité de sa tête dans le cheval et la muleta.
Notre approche du toro va évoluer en fonction de notre travail mais surtout en adéquation avec le territoire occupé par l’animal à cet instant, sachant que le comportement territorial est la base d’autres comportements fondamentaux comme social, hiérarchique, sexuel, alimentaire.
On peut considérer qu’il existe deux types de territoire :
- le territoire local qui représente tout l’espace sur lequel il peut se déplacer,
- le territoire personnel ou zone sûre qui est uniquement l’aspect réduit qui varie avec les déplacements de l’animal.
Ce second territoire acquiert une grande importance; et on peut le dédoubler en trois composants : espace physique, espace social et la distance de fuite.
Dans notre ganaderia l’ensemble des déplacements, hors la distribution de pienso ou de foin s’opère à cheval et les paroles sont brèves dans le campo parce que les actions nécessitent une fébrilité muette et attentive.
Naissance
En Andalousie, les sementales couvrent généralement les vaches entre le 1er Janvier et la St Jean. De ce fait, les naissances s’échelonnent jusqu’au début mai, vers les dates de la feria de Seville. Cela permet d’offrir aux mères qui allaitent une alimentation par un campo vert et riche en herbe sous une température clémente.
Lorsqu’elle se sent près de mettre bas, la mère cherche un endroit protégé.
Elle se couche en général pour mettre au monde mais si un vaquero, involontairement s’approche, elle se relève et poursuit l’opération debout en se tournant vers le soleil. Elle nettoie le nouveau-né et fait en sorte qu’il s’endorme dans un lieu bien caché non visible par un regard étranger. A nous de faire preuve d’astuces pour trouver où il est afin de pouvoir le marquer à l’oreille, mais la vache, dès qu’elle nous voit approcher, nous entraine sur des fausses pistes. Le vaquero imite le mugissement du veau, la vache répond croyant qu’il est en danger et nous informe du lieu…
Destete (sevrage)
On va chercher le lot de vaches mères avec leur progéniture depuis leur enclos et nous les regroupons au pas vers un lieu spacieux mais adapté. C’est une belle opération de campo relativement dangereuse qui implique professionnalisme et confiance entre les intervenants. Dans l’enclos un cavalier sépare les vaches; un autre coupe le veau de sa mère et un troisième se place prés de la porte pour ne laisser sortir celle-ci que lorsqu’elle vient seule. La vache fuit vers la sortie mais dés qu’elle s’aperçoit qu’elle n’a plus son rejeton, elle essaye de revenir mais elle en est empêchée par un vaquero. Tout cela se passe dans une confuse mêlée de bêtes et sur quelques mètres.
Les Cabestros
Le déplacement des vaches et toros ne peut être possible qu’avec l’aide des cabestros; leur présence s’explique par l’instinct grégaire des animaux braves.
Le toro obéit au cabestro qui est le seul animal dressé et les informations passent de mère à fille, le male conservé étant pour une utilisation de reproducteur. Les cabestros sont, selon la coutume, la propriété du mayoral. Le respect du toro pour le cabestro permet d’exploiter cet instinct pour le transfert des bêtes.
Déparasitage, marquage, sanitaire, blessure, muesco
Deux fois par an, sous le contrôle de notre vétérinaire et de la OCA, l’élevage passe dans sa globalité au déparasitage et vaccination contre la tuberculose, la brucellose et autre. Cela permet une vérification de la tenue du ganado, de son état, et de se rappeler avec l’aide de l’ordinateur la traçabilité de chaque animal, son comportement au campo et ses qualités reproductrices. Pour cette opération les animaux passent dans un couloir et subissent prises de sang, aspersion de produits protecteurs sur la colonne vertébrale et vaccin par injection.
Le marquage des añejos s’opère une fois par an en présence du vétérinaire de la Union des Criadores de Toros de Lidia, association dont nous faisons partie et qui détient le livre généalogique. Nous sommes également parfois l’objet de contrôles inopinés par les services vétérinaires de Madrid.
Tentadero, sélection femelles – males
Les critères de sélection du toro sont avant tout conditionnés par le goût du public ; même si le ganadero essaye d’insérer sa vision du toro. Il doit se soumettre aux désirs des spectateurs qui n’ont cessé d’évoluer depuis la création de ce spectacle. Autrefois les toros âgés de 5 à 7 ans étaient recommandés ; ces animaux présentaient l’avantage de prendre du poids naturellement mais ne favorisaient l’ensemble du spectacle puisque, massifs et impressionnants, ils n’apparaissaient adaptés qu’à la pique et se révélaient incapables de subir plus de dix passes de muleta.
De nos jours la faena est devenue le point culminant de la corrida, l’instant où s’exprime réellement le matador, faisant vibrer un public toujours plus avide de sensations. Ainsi les qualités exigées aujourd’hui sont basées sur la charge franche, le dynamisme et le pouvoir de combattre bravement.
Ce qui est l’apanage de toros plus jeunes qui présentent un poids plus léger et qui peut être compensé par un engraissement intensif dont le défaut peut être une perte de mobilité
L’exposition de ces paramètres fournit l’équation que doit réaliser le ganadero à partir des tientas où il va opérer un choix dont il ne connaitra le résultat au mieux que deux ans plus tard et en fonction du semental affecté à la vache choisie
Mis à part lors du tentadero, les vecteurs incontournables permettant d’apprécier l’aspect brave de l’animal, à savoir : cheval, moteur, noblesse, comportement global, allure. Il est nécessaire de prendre en compte des paramètres plus particuliers qui ont un fondement physiologique mais qui déclineront la qualité de l’élevage sur le long terme et entraineront le développement musculaire et ipso facto la personnalité physique du toro lors de son combat
Lorsque le toro pénètre en courant dans une arène, le spectateur est tout d’abord frappé par l’impression de puissance qui se dégage de cette masse de muscles
C’est grâce à la résistance musculaire, acquise au cours des quatre années d’élevage qu’il pourra affronter et résister aux assauts successifs qu’il subit lors du combat
Le bovin détient trois types de fibres :
Chaque animal possède au départ des qualités plus ou moins grandes qu’il peut développer avec l’entrainement.
Alimentation
Si l’alimentation n’est pas partie prenante du manejo, on ne peut oublier ce paramètre. Dans les 12 premiers mois tout retard de croissance est définitif, une insuffisance de lait pénalise le développement de fibres lentes, un bon allaitement dans les premiers mois favorise le développement des fibres rapides.
Après 12 mois le niveau alimentaire se réduit, les animaux se déplacent, la croissance compensatrice fait son effet en utilisant le cycle de pousse de l’herbe en évitant les seuils de carence en minéraux oligo-éléments. Cette opération dure jusque vers trois ans.
Vers trois ans s’opère une transformation morphologique avec une répartition différente de masses musculaires. Seules des régions cervicales thoraciques se développent, notamment de façon très importante. Il est nécessaire à partir de trois ans de privilégier la croissance régulière et de supprimer toute croissance compensatrice par un développement de fibres rapides, d’accumulation de graisse sous cutanée.
De la troisième à la quatrième année, on ajoute du foin et des aliments enrichis en minéraux, vitamines et oligo-éléments, le fameux pienso.
Les cornes
Un autre critère anatomique concerne bien sûr les cornes dont la présence contribue au caractère dangereux et impressionnant de la corrida. Les cornes doivent mesurer de 37 à 53 cm de berceau pour 50 à 70 cm de longueur. Comme vous le savez elle sont parfois protégées par des fundas. Cette opération de pose et dépose s’opère dans une caisse dénommée muesco qui sert également pour les soins et facilite l’intervention du vétérinaire lorsque cela est nécessaire. Cette cage évite aux animaux un stress excessif.
Le toro apprécie la présence et la distance à l’aide des cornes
Les autres sens
La vision du toro de combat est semblable à celle des autres bovins, l’acuité visuelle est faible et environ 70% sont touchés par la myopie. Le toro possède toutefois une vision lointaine assez précise. Ce facteur est d’importance dans l’arène pour le torero qui doit rapidement trouver le sitio où le toro est le plus à même pour répondre à sa demande.
Comme vous le savez le déclenchement de la charge est en fait dû à la stimulation du mouvement et non à la couleur. L’ouïe du toro est bonne et considérée du même niveau que celle de l’homme.
L’odorat est très développé et joue un rôle important dans la communication (le sang du toro lidié est enlevé dans l’arène avant arrivée du toro suivant).
La vie quotidienne du toro bravo
Le Toro est destiné à livrer un combat face au torero. La beauté et la réussite du spectacle passe par une spontanéité de l’animal qui est altérée par toute confrontation préalable avec l’homme. Plus exactement, il faut éviter toutes les situations comparables à celles que le Toro subira au sein de l’arène, et toutes les manipulations des animaux au cours de l’élevage nécessiteront donc une technique adaptée.
Outre les pratiques précoces de marquage et les soins vétérinaires, les toros vivent en liberté au sein de grands espaces, le plus souvent sous forme de troupeaux puisqu’ils manifestent spontanément un esprit grégaire.
Les males sont évidemment toujours séparés des femelles sauf dans le cas du semental durant la période de reproduction. Le contrôle des déplacements est difficile dans la mesure où le Toro est un animal méfiant qui fuit toute situation inconnue ou plus particulièrement l’isolement loin de ses congénères.
Le rôle des cabestros est donc essentiel puisque par leur intermédiaire sont facilités l’isolement de toro ou les manipulations du troupeau entier. En effet, le toro encerclé par ces boeufs munis de bruyantes cloches se sent rassuré et suit le mouvement général sans appréhension. Le troupeau est déplacé lorsque la prairie sur laquelle il se trouve ne fournit plus une quantité de pâture suffisante.
Les moyens de communication entre les animaux sont limités, l’échange d’informations s’appuyant en fait sur la posture visuelle souvent caractéristique, les vocalisations et les odeurs.
L’organisation du groupe s’appuie sur un équilibre précaire entre le désir de rester avec ses congénères mais aussi celui de conserver un espace personnel dont la violation engendrera inévitablement des conflits. La hiérarchie s’établit spontanément elle est essentiellement basée sur des critères physiques : poids taille mais aussi sur des facteurs plus variés : état hormonal ancienneté dans le groupe la race etc. Cette organisation est nécessaire puisque ces animaux grégaires effectuent l’ensemble de leurs activités (prises d’aliments ruminations, repos, déplacement) au même moment.
En conclusion, pour comprendre l’attirance que peut susciter la tauromachie spectacle, a priori cruelle, il ne faut pas l’isoler de son contexte mais l’envisager dans le cadre d’une culture, d’une ambiance où la passion prédomine. Passion des lumières, passions des odeurs, passion de la musique pendant laquelle les arènes se remplissent lentement dans l’attente du spectacle. Passion des hommes, torero ou éleveur, tous très dignes qui observent d’un œil aguerri un environnement qui constitue leur raison de vivre.
Passion enfin pour un animal singulier et impressionnant, le toro brave qui se livre avec noblesse et courage dans un combat mortel pour lequel il a été sélectionné.
Le spectacle Taurin peut assurément apparaître inutile et incompréhensible.
Il vise seulement à mettre en valeur l’ampleur du travail réalisé en amont par des hommes dont la motivation repose certes sur l’amour de la corrida mais avant tout sur l’amour du toro.
Jean-Marie Raymond
Octobre 2018
Nouvel épisode de la série "BRAVE" jeudi prochain 7 Février avec la venue du philosophe Francis Wolff aux Jeudis du Cercle.Par le passé, Francis Wolff a animé de brillantes soirées des Jeudis du Cercle. Il récidive le 7 février dans le cadre du Cycle Culturel du CERCLE TAURIN NÎMOIS sur le thème :Les paradoxes de la BravoureouDe quoi la Bravoure est-elle le nom ?Une soirée riche de culture taurine en perspective, dans le cadre accueillant du Moulin Gazay et son traditionnel cocktail.DATE LIMITE des INSCRIPTIONS : le 5 FEVRIER 2019
Réservez : cercletaurin.nimois@gmail.com